Gers : dans le cirque aussi, la parole se libère face aux violences dans les écoles

Abonnés Plus d’une vingtaine de personnes se sont rassemblées ce mercredi 27 octobre.

DDM - L.L. Cirque, Enseignement supérieur et formation, Gers

Publié le 27/10/2021 à 20:19

, mis à jour

à 22:26 Lucie Lespinasse

l'essentiel

Le collectif "Balance ton cirque" dénonce les violences verbales, physiques, sexuelles et morales dans le monde du cirque. Une rencontre entre artistes et étudiants a eu lieu ce mercredi 27 octobre à Auch.

"Lors d'une parade en équilibre, j'ai les jambes écartées. Mon professeur me tient aux hanches : Tu as mis une petite culotte rose aujourd'hui ? Demain, ça sera quelle couleur ?". Cette histoire, postée sur la page Instagram "Balance ton cirque", qui comptabilise plus de 50 000 vues sur les réseaux sociaux, fait partie des nombreux témoignages recensés par le collectif depuis sa création en juillet.

Composé d'élèves et anciens élèves d'écoles de cirque européennes, "Balance ton cirque" veut libérer la parole concernant les violences verbales, physiques, sexuelles et morales subies de la part de professeurs ou de membres de la direction dans les établissements d'enseignement. Récemment créé, le mouvement profite du festival CIRCa pour présenter son action aux étudiants. "Nous ne visons pas une école en particulier, assure l'un des membres lors d'une rencontre informelle ce mercredi à Auch. Il s'agit d'une pédagogie entière à revoir. Ces actes sont une conséquence d'une certaine pratique de ce sport".

Une difficile libération de la parole

Harcèlement sexuel, moral, discrimination raciale, homophobe ou encore abus de pouvoir. Depuis le lancement du mouvement (voir ci-dessous), près de 200 témoignages issus de 18 écoles de cirque européennes ont été recueillis par le collectif. Parmi eux, 17,5 % dénonçaient des outrages sexistes ; 13,5 % de l'abus de pouvoir et 6,3 % du harcèlement moral.

"Le milieu des écoles de cirque fonctionne à huis clos, regrette "Balance ton cirque" dans une lettre adressée à la Fédération européenne des écoles de cirque professionnelles (Fedec), aux directions des écoles et aux ministères de la Culture et de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances. Nous, élèves, dépendons fortement des professeurs et des réseaux de copinages […]. Les professionnels auxquels nous sommes confrontés durant nos formations sont souvent de potentiels employeurs. Dans un monde où les mêmes personnes ne cessent de se recroiser pendant des années, il est d'autant plus difficile d'élever la voix pour les victimes."

Le collectif s'est formé en juillet 2021 lors d'une action coup de poing devant le Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne.

DR Le collectif, désormais présent dans une dizaine d'écoles professionnelles européennes, organise plusieurs réunions informelles à Auch durant le festival afin de présenter le mouvement et de recueillir des idées de "reconstruction de ces lieux d'enseignement". Ainsi, une vingtaine de personnes, dont une majorité d'élèves circassiens, assistent au rassemblement ce mercredi 27 octobre au milieu de l'Escalier monumental. La plupart semblent avoir connu de telles situations. Une circassienne dénonce le harcèlement dont elle aurait été victime, par mail, de la part de l'un de ses professeurs et énonce la difficulté de témoigner. Soutenue par son entourage au cœur de l'école, elle regrette qu'en portant plainte, ce qu'elle n'a finalement pas fait, la visibilité se porte sur la victime.

Écoute, entraide et action

"Nous sommes beaucoup à avoir des histoires qui pèsent, je sais ce que c'est, regrette une membre du collectif. Ce mouvement est avant tout un lieu d'accueil, d'écoute et d'entraide." Mais "Balance ton cirque" veut aussi être un lieu d'action : "Nous avons des vécus mais pas de pédagogie, explique l'un des militants. Nous voulons donc mettre les écoles devant le fait accompli afin de changer les choses".

"Balance ton cirque" dénonce des violences physiques, verbales, morales et sexuelles.

DR Le mouvement demande, entre autres, la mise en place d'un travail de sensibilisation des équipes pédagogiques et administratives dans les écoles ; la création de protocoles de parade ou de chartes de déontologie ; une prise en charge des signalements par des instances extérieures aux écoles ; mais aussi la réalisation d'une étude quantitative sur les faits de violences. Car si la parole se libère peu à peu, elle reste encore timide pour les étudiants en cours de formation, regrette le collectif, qui doit rencontrer la Fedec ce jeudi afin de lui exposer la situation et ses demandes.

Un mouvement lancé en juillet 2021

"Balance ton cirque" a été lancé le 2 juillet dernier au Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne (Cnac). Les étudiants et anciens élèves de l'école ont organisé une action coup de poing de sensibilisation au cours d'une soirée de présentation de projets artistiques individuels des étudiants sortants. Un événement que les circassiens ont choisi pour plusieurs raisons : le nombre de personnalités du cirque rassemblées et la symbolique des lieux (le Cnac dépend du ministère de la Culture). Des situations violentes et des dysfonctionnements y auraient également eu lieu.

Cet article est réservé aux abonnés

Accédez immédiatement à cet article

2 semaines offertes

Je m'abonne pour lire la suite

Déjà abonné(e) ?

Connectez-vous

Contenus illimités

Sans engagement

Sans publicité

Cet article est réservé aux abonnés

Accédez immédiatementà cet article à partir de

3€/mois Déjà abonné(e) ?

Connectez-vous

Contenus illimités

Sans engagement

Sans publicité

Voir les commentaires

Envie de donner votre avis ?

(3 commentaires)

Ouvrir la page originale sur le site